LETTRE
N°9, 9/12/01
Bonsoir à toutes et à
tous,
Encore un sommaire assez
copieux.
Un projet de charte du
Réseau, pour discussion dans la perspective de
l'AG
du 19/12, vous sera diffusé
dans les jours qui viennent.
Nous commençons à
recevoir des textes pour le recueil. Ces textes ne
sont
pas reproduits dans la Lettre.
Merci à leurs auteurs. Nous rappelons que
les
textes doivent être
inédits. Un comité éditorial sera
mis en place à l'AG du
19 pour mener ce projet à
bonne fin.
Nous recevons de plus en plus de
demandes des premiers numéros de la
Lettre.
Nous ne pouvons plus suivre. Y
aurait-il quelqu'un qui pourrait faire un
site (ou les mettre sur son site)
pour rendre ces archives accessibles ?
Nous contacter svp.
PS : Si certains parmi vous ne
souhaitent plus recevoir la lettre, merci de
nous le signaler par retour de
mail.
Bonne lecture,
Sommaire :
1) Assemblee generale
du reseau le 19 décembre a 19 h au
CICP
2) Premier bilan du
procès concernant la mort d'Aissa
3) Nouveaux membres du
réseau (depuis le 10/11)
4) La parentalite
entre violences politiques et violences urbaines.Un texte
de Fabienne Messica.
5) Une interview de
Laurent Mucchielli, parue dans Strasbourg à
gauche.
6) Etat d'urgence
planetaire, un texte de François
(samizdat)
7) Collectif Vitriot
contre la police municipale, Olivier
Perrot
8) Messages
divers
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1)
ASSEMBLEE GENERALE DU RESEAU LE MERCREDI 19 DECEMBRE A 19
H AU CICP
Le réseau contre la fabrique
de la haine compte à ce jour 280
correspondants. Il est devenu
nécessaire de se rencontrer physiquement
pour
débattre des buts et des
méthodes que se donne le réseau.
Nous proposons à l'ordre du
jour de cette première rencontre :
A) adoption d'une charte du
réseau
B) bilan de la mobilisation au
procès de Versailles
C) mise en place d'un comité
éditorial pour le recueil
D) projet de colloque sur
l'apartheid social et l'idéologie
sécuritaire
E) relations avec le MIB et les
autres organisations
CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011
Paris
Métro : Nation ou
Boulet-Montreuil
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2)
PREMIER BILAN DU PROCES CONCERNANT LA MORT
D'AISSA
J'espère que tout le monde a
eu les comptes-rendu de Serge, Maud, Brigitte,
sur les deux jours de
procès.
Nous sommes assez pessimiste sur le
verdict, qui sera donné seulement le 6
février. On se dirige
vraisemblablement vers une relaxe des
policiers.
Nous avons probablement
sous-évalué dans les comptes-rendu le
nombre de
participants au réseau
présents. Les gens qui ne se connaissaient pas
n'ont
pas pu se rencontrer, sauf ceux qui
étaient là le mardi soir.
La conférence de presse du
30/11 et l'article de Libé sur le réseau
nous ont
valu des appels de journalistes de
France 2, qui a fait une itv de Serge Q.
qui n'a apparemment pas
été diffusée, et des Inroks, qui
doivent faire un
papier. On peut supposer que la
mobilisation du réseau avec le MIB a
contribué à
médiatiser le procès, dont l'issue passera
peut-être moins
inaperçue.
A part Libé, Le Monde a
publié un article qui ne mentionne ni le MIB ni
le
réseau. Nous ne savons pas
si des choses ont été publiées
ailleurs.
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3)
NOUVEAUX MEMBRES DU RESEAU (depuis le
10/11)
AMBRE Brice,
informaticien
AUBERT Olivier,
journaliste
AVRIL Christelle (doctorante
ENS)
BATTAGLIA Valérie, Verts,
Val d'Oise
BEAUD Stéphane Maître
de conférences en sociologie à
l'université de Nantes,
en délégation au CNRS
(CSU)
BERTAUX Sandrine
BILLY Gérard,
Enseignant
BLANCHARD Emmanuel
(GISTI)
BONELLI Laurent, Chercheur en
sciences politiques
BOUTAULT Virginie
BRISSON thomas (doctorante
ENS)
BRUSCHET pauline
BUGUEL Jean,
écrivain.
CAILLEUX Nicolas,
étudiant,
CALARET François,
étudiant,
CARRÈRE Violaine (membre du
bureau du Gisti)
CERCLIER Sylvie, enseignante,
AC!
DAVISSE Françoise,
réalisatrice
DE ST-DO Valérie
(Comité de rédaction de la revue
Cassandre).
DUPUY Jean Pierre
EL KASSABI ASSANA
EL KASSABI Habiba
FONTAINE Jean-Marc, Maitre de
Conférences, Economie(IEDES-Paris I)
GALLOT Fanny,
étudiante
GAUBERT Christophe,
sociologue
GÉRARD Sylvie
GLADIATOR Jimmy,
éditeur
HASSEN HAMOUDA Ben
(DYNETCOM)
HÉLIN Bruno
JACQUIER Charles
KHIAT Pénélope,
enseignante
LAINÉ Gilles, chargé
de mission, Affaires étrangères
LAPOSTOLLE Gaëlle,
étudiante,
LDH Chatenay
LÉPINARD Eléonore
(doctorante ENS)
MAIZA Teddy, attaché des
élus verts Aubervilliers.
MARSO Phil
(écrivain)
MASCLET Olivier
(sociologue)
MOUETTE Edouard,
étudiant,
NAUDIER Delphine,
sociologue
NININ Mathieu
ODIC Gilles (Noumea)
ODU (observatoire du droit des
usagers)
PARIZOT Xavier (i&e
Consultants)
PATAEZ Julie,
étudiante,
SAUVIAT Catherine,
économiste
SIBLOT Yasmine (doctorante
ENS)
VATANT Alice,
étudiante,
VOIRON Philippe
WIESENBACH Roger
WOUTERS Luc
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4)
LA PARENTALITE ENTRE VIOLENCES POLITIQUES ET VIOLENCES
URBAINES
Un texte de Fabienne
Messica.
L'initiative prise par certaines
municipalités, y compris par de grandes
villes comme Strasbourg,, de
décréter ce que les journalistes ont
appelé "
le couvre-feu " pour les enfants de
moins de 13 ans ou de moins de 16 ans
vivants dans les " quartiers " a
fait l'objet de maintes critiques. En
termes d'efficacité
sécuritaire comme en termes de protection de
l'enfance,
ces mesures saisonnières
interdisant la circulation entre 23 heures et
6
heures des enfants non
accompagnés par un adulte, sont jugées
totalement
inefficaces aussi bien par la
Police, que par les éducateurs et les
juges
des enfants. Tous dénoncent
leur caractère démagogique.
Si caricaturales et spectaculaires
soient-elles, ces mesures ne comportent
pourtant aucun caractère de
nouveauté par rapport aux politiques
traditionnelles en matière
de sécurité et de traitement " social " des
"
incompétences " ou
incapacités familiales. La suspicion à
l'égard des
familles
défavorisées, jugées incapables
d'exercer le contrôle nécessaire
sur leurs enfants, s'exprime
couramment, soit par des mesures de
contrôle,
soit par le développement de
formes d'assistance à la
parentalité.
Ces contrôles s'effectuent
par exemple par le biais de la Caisse
d'Allocations Familiales qui peut
supprimer les allocations aux familles
pour cause d'absentéisme
scolaire prolongé. C'est ainsi qu'en
Septembre
dernier, les écoles
publiques de Saint - Denis ont diffusé un document
de la
Caf avertissant les parents du
risque de suspension des allocations en cas
d'absentéisme scolaire des
enfants et d'un accord à ce sujet entre la Caf
de
Saint-Denis et l'Education
Nationale. À l'instar des arrêtés
municipaux de "
couvre-feu " qui, cette
année, n'ont pas été cassés
par le Conseil
Constitutionnel, cette initiative
locale, sans être désavouée par le
niveau
central , n'est pas à
l'heure actuelle appliquée au niveau national.
Dans
la mesure où la
législation actuelle est suffisante pour que tout
enfant
trouvé seul à une
heure tardive dans la rue soit reconduit chez lui par
la
Police et pour que tout enfant
non-scolarisé soit signalé, il convient
de
s'interroger sur ce que ces
initiatives locales apportent de nouveau.
Publicité et
pédagogie
Outre leur caractère
démagogique ces initiatives témoignent de
la volonté
de rendre publique un
contrôle social qui s'effectuait jusque-là
de façon
discrète. Cette "
publicité ", en stigmatisant sans complexe les
familles,
montre que, par un effet pervers,
l'assistance à la parentalité et
les
directives politiques concernant le
renforcement nécessaire du rôle
des
parents, ont eu pour effet de faire
admettre l'incompétence des parents
comme une évidence. Le
langage pédagogique adopté par la Caf qui
met
l'accent sur l'intérêt
des enfants est à ce titre très
significatif. Le
soupçon de négligence
à l'égard des parents s'y mêle
à une attitude
compréhensive qui tranche
avec la menace de sanctions.
Territorialisation et
singularisation de la loi
Ces initiatives ont
également pour effet de territoraliser la loi
(le
couvre-feu concerne des quartiers
précis et se décide à un niveau
municipal)
et de la soumettre à une
conjoncture (ici saisonnière). Ce qui
s'applique
ici au nom d'une urgence
sécuritaire, c'est un traitement spécifique
des
quartiers tant du point de vue de
l'espace que du point de vue du temps.
Ainsi, les populations sont
renvoyées à une spatialité et
à une temporalité
qui n'est pas la même que
celle du reste de la société.
Par ailleurs,l'adoption
quasi-simultanée par plusieurs
municipalités de
mesures de couvre-feu, qu'elle soit
concertée ou non, montre qu'il existe
aujourd'hui des coopérations
horizontales dont le résultat est de
mettre
hors-jeu le niveau central ou
étatique. Si le fait de conditionner la
perception des allocations au
respect de l'obligation scolaire n'est pas
nouveau en soi (traditionnellement,
la Caf contrôle l'inscription des
enfants à l'école en
demandant aux parents un certificat de scolarité),
la
coopération directe avec
l'école est inédite. Elle implique une
coordination
entre une administration (la Caf)
et une institution (l'école) dont les
vocations sont pourtant distinctes
l'une de l'autre. Non seulement elle
traduit une modification
substantielle des pratiques en permettant que
le
contrôle s'effectue
par-delà les parents et tout au long de
l'année, mais
plus encore elle pose un grave
problème éthique. Doit-on, au nom
de
l'efficacité, mettre fin
à une distinction des rôles qui garantit
d'une part
l'anonymat des informations
détenues sur les populations et d'autre-part,
la
possibilité pour ces
populations, de conserver un espace de liberté
comme
interlocuteurs des
différents services, administrations et
institutions ?
Une exclusion hors de la loi
commune
Alors que, dans son principe
même, la loi est l'affirmation de
l'appartenance à une
même communauté, ces pratiques
désignent des quartiers
ou des familles en particulier et
font de l'exclusion sociale, ce qui
conditionne et justifie une
exclusion hors de la loi commune. En effet,
même
si un arrêté municipal
n'a pas le statut d'une loi, il appartient à
la
sphère de la loi et se
l'approprie symboliquement. Or ici, non
seulement,
l'élément de la loi
est laissé à l'initiative des
municipalités ou des
administrations, mais pire encore,
il constitue un relativisme. En effet, le
principe de la loi est que
lorsqu'elle distingue des groupes (par exemple
des groupes d'âge), c'est
à partir de sa généralité et
non l'inverse.
Fonder la loi sur une casuistique (
élaborer des règles destinées
à un cas
ou un groupe précis ) permet
d'évacuer à la fois les fondements et
les
effets réels des pratiques.
Celles-ci relèvent en effet d'une logique qui
se
referme sur elle-même : en
reconnaissant par l'intervention de la loi, la
perte de légitimité
des parents, elle ne font que l'accroître et
provoquer
une augmentation de la violence,
laquelle JUSTIFIE à postériori ces
mesures
; Il y a là un
élément qui s'ajoute à toutes les
fermetures des quartiers et
qui accroît le sentiment de
non-sens que confère la sorte "
d'extra-humanité
" à laquelle ils sont
identifiés.
Conflictualité et
violence
En effet, si d'un côté
la généralité de la loi -
l'égalité formelle-
entraîne des conflits avec
des individus ou des groupes qui ne veulent
pas,
dans leurs conditions sociales
d'existence, s'y soumettre, ce conflit a un
sens : il révèle des
contradictions. En revanche, l'application de
règles
catégorielles, reconnaissant
négativement la différence des quartiers
,a
pour effet à la fois de
cautionner la violence et l'exclusion de la
loi
commune et de vider les conflits de
leur sens.
De telles règles, en
légitimant une violence institutionnelle
ciblée,
provoquent celle des individus et
des groupes désignés. En même temps,
et
c'est un paradoxe, elles
évacuent les contradictions réelles
liées à la
juxtaposition d'un
égalitarisme de principe sans concessions, avec
les
effets de l'inégalité
sociale et avec la construction, par une partie
des
plus défavorisés,
d'un rapport fondé sur la domination des plus
faibles par
les plus violents. Or, même
si des phénomènes comme
l'absentéisme scolaire,
les incivilités, la
délinquance, la violence ne sont pas de même
nature, il
n'en demeure pas moins que cette
auto-exclusion et les contradictions
qu'elle révèle leur
donnent sens. Une réponse mimétique,
traitant d'un point
de vue juridique les quartiers de
façon différenciée, est un moyen
de
dissoudre l'élément
de sens issu de cette contradiction. Car c'est
parce
qu'elle conserve le principe de la
loi - tout en éclairant les processus
de
désintégration
sociale par lesquels ce principe devient inopérant
- que
cette conflictualité est
productrice de sens.
Ces phénomènes
participent par ailleurs à la fermeture des
quartiers liée à
l'appauvrissement des relations
avec l'extérieur et ils se conjuguent
avec
un puissant sentiment
d'enracinement chez les populations. Concernant
la
violence, cette double approche de
fermeture des quartiers sur eux-mêmes,
produite par l'environnement et par
les habitants, conduit au développement
de violences internes aux quartiers
et à l'interprétation de ces
violences
comme violences contre soi. Quelle
que soit sa validité, cette analyse
(qui
présuppose que pour les
habitants, le quartier, c'est " soi-même ")
ne
permet pas elle non plus de poser
la question des rapports de cette violence
avec la société. Or,
bien que les interactions entre les quartiers
et
l'ensemble de la
société, se limitent souvent aux rapports
avec les
différents
intervenants((éducateurs, assistantes sociales,
associations ),
la société des
quartiers ne peut être considérée
isolément. Il ne s'agit pas
ici de relativiser les violences au
prétexte que la société
libérale est
violente mais de comprendre en quoi
ce qu'elles questionnent n'est pas
seulement relatif aux
quartiers.
Que l'on interprète ces
faits comme l'expression d'une révolte ou
au
contraire, comme la façon
dont des groupes ou des individus instituent
par
la violence des formes de pouvoir "
totalitaire ", ou bien encore comme le
mélange ou la coexistence
des deux éléments, maintenir la tension
avec la
loi commune permet de poser la
question de la violence dans les quartiers
comme un enjeu pour toute la
société. Au contraire, en traitant de
manière
différenciée des
individus ou des familles à priori
suspectés non seulement
de ne pas respecter la loi mais
également de ne pas mériter la même
loi que
les autres, on substitue à
cette conflictualité porteuse de sens,
une
violence à l'état
pur.
L'invisibilité des
quartiers
Un élément
constitutif de cette violence institutionnelle est la
volonté de
rendre invisible, par une sorte de
mesure d'urgence, une partie de la
population. La priorité
mercantile en période touristique a
été, à juste
titre, dénoncée par
la presse. Mais ce qui semble encore plus
symptomatique,
c'est qu'il s'agit là d'une
priorité sur la vie. Non seulement les
arrêtés
municipaux confisquent la ville aux
habitants pour la livrer aux seuls
habitants marchands, mais ces
arrêtés contiennent un élément
mortifère.
Condamner les gens à
l'invisibilité, c'est leur signifier leur mort
sociale.
C'est pour cette raison que dans
certaines sociétés amérindiennes,
lorsqu'un
individu se dérobait
à la loi, on le condamnait tout simplement
à devenir un
invisible pour l'ensemble de la
communauté. Il en mourrait finalement
aussi
sûrement que si on l'avait
abattu. De la même façon, des quartiers ou
des
catégories de population
comme les sans domiciles fixes, condamnés,
dans
certaines villes et à
certains moments de l'année, à être
des invisibles
sont tout simplement
déclarés morts à la
société.
Le parentalisme
Par ailleurs, concernant la
fonction éducative, les difficultés
actuelles
sont à replacer dans une
analyse historique des rapports entre
l'institution
scolaire et les familles et dans
une analyse socio-économique des
quartiers.
La question éducative
actuelle est directement issue du processus de
séparation entre une
fonction économique assurée par la famille
et la
fonction politique de
l'école. Cette dépossession historique,
conjuguée avec
les effets du chômage, se
traduit tout naturellement par une perte
d'autorité.
Un parent qui n'a plus de
rôle économique (nourricier) et qui, en
même
temps, n'a aucun pouvoir dans la
société, ne peut pas détenir une
autorité
reconnue. Par conséquent,
confiner la parentalité, pour reprendre un mot
à
la mode, à la dimension
économique est un piège. Le second
piège est de
limiter la notion de valeurs
transmises par la famille à la
sphère
strictement morale. Car ce que les
parents interdisent ou autorisent est
également fonction de leur
culture politique et de leur sentiment
d'appartenance à la
communauté politique. C'est pourquoi, ce qu'il
s'agit de
restaurer n'est pas la famille
patriarcale mais bien le lien qui a
été
dissous entre la "
parentalité " et la citoyenneté.
Entre termes pratiques, cela
signifie que, c'est en réinvestissant le
champ
politique dans lequel la question
éducative s'intègre et en obtenant
la
reconnaissance de leur rôle,
que les familles victimes des discriminations
sortiront, tant de l'impasse
sécuritaire que de l'assistanat "
parentaliste
".
Fabienne Messica.
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5)
UNE INTERVIEW DE LAURENT MUCCHIELLI
(parue dans "Strasbourg à
gauche" n°10, envoyé par Philippe
Breton)
Le débat sur la
sécurité : une interview exclusive de
Laurent Mucchielli
Strasbourg à gauche ! : Le
débat sur la lutte contre la violence
et
l'insécurité a
beaucoup évolué ces dernières
années. Vous évoquez notamment
le " tournant symbolique " du
gouvernement Jospin. Que voulez-vous dire ?
Avec l'affaire du " foulard
islamique " (1989), les premières "
émeutes
urbaines "
médiatisées (1990) et la guerre du Golfe
(1991), une angoisse
s'est emparée des
décideurs politiques. Dans ce contexte, et avec
une
pression entretenue par certains
groupes de pression comme le syndicat des
commissaires et des hauts
fonctionnaires de la police nationale
(SCHFPN),
l'opposition idéologique
droite / gauche sur la sécurité s'estompe
peu à
peu. Les stratégies
électorales font le reste. Point d'orgue de
cette
dépolitisation : le colloque
de Villepinte, quelques mois après la
victoire
de la gauche aux
législatives de 1997. Ce vaste
rassemblement
médiatico-politique donne
l'occasion au gouvernement Jospin de proclamer
que
la sécurité est un
droit fondamental, inscrit dans la Déclaration de
1789,
et qu'elle constitue la seconde
priorité de son action après le
chômage.
Autre symbole : la place
prépondérante du ministre de
l'Intérieur au sein
d'un gouvernement qui, au moment de
Villepinte, n'a pas encore nommé de
ministre de la
Ville
Strasbourg à gauche ! :
Quelles sont les conséquences de cette
dépolitisation ?
Ce tournant va notamment
libérer la parole d'individus ou
d'organisations
qui ne craignent plus de tenir un
discours catastrophiste. Un véritable "
business de la
sécurité " se développe et porte au
grand jour de prétendus "
experts " comme Alain Bauer
(conseil en sécurité) et Xavier
Raufer
(journaliste). Un discours de type
néo-sécuritaire voit également le
jour du
côté des
Renseignements généraux (leur section "
violences urbaines ") et du
SCHFPN. On déterre les vieux
spectres de la décadence et de la
barbarie
incarnées par cette nouvelle
délinquance de jeunes à la peau
basanée. Enfin,
le thème de
l'insécurité devient central dans les
médias qui se livrent à
une surenchère continue sur
des faits sensés être chaque jour pires que
la
veille. Comprenons-nous bien : il
est clair qu'il existe des problèmes,
mais
ils ne sont ni aussi graves ni
aussi récents qu'on ne le dit. En outre,
ils
ne relèvent pas toujours
d'une activité délinquante. Certaines
formes de
violences contre les institutions
doivent être analysées en termes
politiques.
Strasbourg à gauche ! : Quel
regard portez-vous sur les dispositifs mis en
uvre, notamment les contrats
locaux de sécurité (CLS) ?
Les CLS renforcent la coordination
de l'action publique, ce qui est utile en
soi. Cependant, j'émets
trois réserves. D'abord certains maires
détournent
les CLS de leurs objectifs à
des fins électoralistes. La signature d'un
CLS
permet d'occuper le créneau
de la sécurité. De plus, ces contrats
ont
parfois des retombées en
termes d'emplois-jeunes. Ensuite, qui sont les
maîtres d'uvre des CLS
? Le ministère de l'Intérieur a fait
l'erreur de ne
pas assez définir les
règles du jeu. Du coup, le terrain est
largement
occupé par des
sociétés privées, dont les
intérêts ne sont pas
forcément
ceux du service public. Je remarque
enfin que les CLS visent souvent à
faciliter les modes de signalement
de la délinquance dans un but
uniquement
répressif, abandonnant les
objectifs de prévention et méprisant
certains
acteurs essentiels dans la
prévention (éducateurs, associations
de
quartier).
Laurent Mucchielli, historien et
sociologue, est chercheur au CNRS (CESDIP).
Il publie : Violences et
insécurité. Fantasmes et
réalités dans le débat
français, La
Découverte, 142 p., 2001 (42 F) et "
Transformation de la
famille et délinquance
juvénile " , Problèmes politiques et
sociaux, n° 860,
La documentation française,
2001. Il présente aussi ses travaux sur
:
http://laurent.mucchielli.free.fr
Propos recueillis par Roland
Pfefferkorn
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6)
ETAT D'URGENCE PLANETAIRE
Un texte de François
(Samizdat)
Depuis le 11 septembre 2001,
l'instauration d'un état d'urgence
anti-terroriste planétaire
sert de prétexte à un renforcement du
contrôle
social et à la
création d'un lourd arsenal répressif
visant l'intimidation
ert
la dissuasion de toute
activité politique et sociale non alignée.
L'adoption
d'un large éventail de
mesures qui étendent les pouvoirs judiciaires et
de
police remet radicalement en cause
nombres de garanties prévues dans un
«
Etat
de Droit ». Cette
accélération dans l'instauration de
législations
d'exception
rend de fait caduques certains
principes énoncés par les
différentes
déclarations et conventions
des « droits de l'Homme ».
Ces nouveaux dispositifs
législatifs et judiciaires, qui piétinent
tout
critère et règle de
la pensée juridique démocratique - de la
présomption
d'innocence à la
non-rétroactivité des lois et
décrêts - concernent la vie
quotidienne de tout un chacun,
notamment dans les banlieues, les quartiers
populaires, les lieux de travail et
les espaces publics.
Ainsi en France, sous le nom de Loi
de sécurité quotidienne (LSQ),
le
gouvernement a fait voter «
à la hussarde » un texte reprenant les
mesures
les
plus répressives de textes
parfois prévus de longue date (comme par
exemple
les mesures originellement
contenues dans la LSI, la Loi sur la
société de
l'information) qui n'ont rien avoir
avec le prétendu « danger terroriste
».
Sont particulièrement
visées toutes formes de contestation politique,
tout
comme les situations sociales
considérées « à risque »
(Sans-papiers,
Sans-logis, chômeurs, raves,
toxicomanie, prostitution, etc.).
De même, suppression des
frontières au sein de l'Union européenne
s'est
réalisée avecla mise
en place en parallèle d'un système de
surveillance
unifié
(SIS, Système d'information
de Schengen). Ce fichier est au coeur de
l'actuelle politique de
surveillance renforcée du territoire et de
gestion
des
flux migratoires exploitables. De
fait, chaque patrouille de police
dévient
un
« poste de frontière
», et la consultation du fichier SIS devient le
point
de
départ potentiel d'une
arrestation, d'une procédure d'extradition
ou
d'expulsion.
Cette véritable guerre
judiciaire entraîne la pénalisation de la
sphère
publique et privée
:
D'une part l'émancipation de
la police d'un certain nombre de
procédures.
Exemple : possibilité
d'intrusion dans un local associatif ou un
domicile
privé sans
nécessité d'un mandat du
procureur.
De l'autre par l'attribution au
judiciaire et notamment à la justice
pénale,
de nouvelles compétences
dans le règlement des controverses sociales
et
administratives, voire le passage
de l'infraction administrative au délit
pénal. Exemple : dans le
métro, après la dixième infraction
constatée, un
individu encourt jusqu'à 6
mois de réclusion et 50 000 frs d'amende.
Cette
loi
criminalise tout autant la fraude
pour cause de précarité que la
revendication
de la gratuité des
transports.
Intensification des moyens de
contrôle, exemple : la vérification du
titre
de
transport se transforme en
véritable contrôle d'identité. Les
transports
publics deviennent des lieux de
contrôle social intensif et
systématique
avec
la pratique du contrôle au
faciès dans le but de repérer les
clandestins et
les comportements hors normes. Avec
Vigipirate renforcé, il est ainsi
constaté
une augmentation de 40% des mises
en centres de rétention et le
triplement
de
la vidéo surveillance dans
les lieux publics.
Le fichage systématique des
populations définies comme «
défavorisées »
(fichier européen EURODAC
sur les sans-papiers et les demandeurs
d'asile).
La légalisation de
l'intrusion dans la sphère personnelle, voir
intime, dans
la « vie privée ».
Exemple : avec la loi de sécurité
quotidienne, les
fournisseurs de l'Internet sont
obligés de garder des traces de toutes
les
connexions de leurs clients pendant
un an. Avec ce système d'espionnage de
masse la vie privée de tout
citoyen est à la disposition de la police ou
des
agents administratifs.
C'est aussi une criminalisation
préventive des luttes sociales les plus
diverses, des mouvements
d'opposition à la mondialisation
capitaliste
néo-libérale à
toute pratique collective de contestation.
Ne sont pas
considérés « simplement »
illégaux, mais qualifiés d'actes
terroristes, les comportements
comme :
L'occupation dite « abusive
» de lieux publics, ou les dommages faits
aux
biens et aux transports publics
(voire l'occupation de l'église de
Saint-Bernard ou d'une
usine).
Le détournement ou
l'interruption de biens et de services publics
(eau,
électricité, moyens
de transport, etc.).
l'incursion « sauvage »
dans un système d'informations
(hackers,
virtualistes,
réseaux
indépendants).
+ Mise en place d'un espace
judiciaire européen sans fondement
constitutionnel
sur la base de la reconnaissance
mutuelle des sentences et de tout acte de
justice.
+ La création d'un mandat
d'arrêt européen permettant de livrer
à la justice
d'un autre pays membre des
personnes résidantes ou nationales sans
les
garanties de tutelle prévues
par l'ancienne procédure d'extradition.
Comment devient-on suspect
aujourd'hui ? La simple prédisposition
à
commettre
un délit (par exemple un
délit non-factuel comme celui
d'association)
bascule
dans la sphère pénale
sur la base de cet état d'urgence permanent et de
la
logique
sécuritaire.
Tout homme et femme, militant,
citoyen, participant à un mouvement social
ou
non, nous sommes tous
concernés par ces lois liberticides.
Nous vous invitons à nous
retrouver pour un premier FORUM DE
L'INSOUMISSION
DE
LA DÉSOBÉISSANCE
SOCIALE, pour créer ensemble une dynamique de
lutte et
d'action contre la machine
répressive :
Dimanche 9 décembre 2001
à 18h
CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011
Paris
Métro : Nation ou
Boulet-Montreuil
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*******************************
7)
COLLECTIF VITRIOT CONTRE LA POLICE MUNICIPALE, Olivier
Perrot
Bonjour
La ville de Vitry sur Seine vient
de proposer de consulter la population
de la ville sur la question de la
"création d'une police municipale"
Dés l'annonce de cette
proposition un collectif Vitriot Contre la
Police
Municipale c'est mis en
place.
Nous pensons que la création
d'une police municipale à Vitry sur
Seine
n'est pas la bonne
réponse.
Nous organisons actuellement sur la
ville un certain nombres
d'initiatives (distribution de
tract, organisation de débat autour des
questions
sécuritaire).
Nous pourrions certainement
échanger ensemble nos contacts.
Vous trouverez ci joint un article
paru dans le parisien de lundi sur la
création de notre
collectif.
Dans l'attente d'un
contact
Par ailleurs nous organisons autour
de la question du projet de la
création de cette police
municipale un débat vendredi 14
décembre.
Pourquoi pas avec votre
participation...
Contact
Olivier Perrot
pour le collectifVCPM
Mail
operrot@club-internet.fr
LA MUNICIPALITÉ DE VITRY SUR
SEINE PROPOSE DE CRÉER UNE POLICE
MUNICIPALE
CETTE MESURE SERA SOUMISE A
RÉFÉRENDUM
NOUS VOTERONS ET APPELONS A VOTER
NON AU RÉFÉRENDUM DU 20 JANVIER
2002
Nous nous méfions des
apprentis sorciers liberticides. Par notre
dernier
vote, ensemble nous avons fait le
choix d'exclure de la représentation
municipale, l'extrême
droite.
Nous regrettons que la
majorité de gauche plurielle devant l'échec
de sa
politique de sécurité
menée au niveau national fasse le choix de
la
fuite en avant, au niveau local.
Qu'elle choisisse, dans une telle
période, comme premier acte
fort de sa mandature de mettre ce débat
sur
la place publique.
Le mouvement en cours, parmi les
gardiens de la paix, illustre l'ampleur
du problème, le besoin pour
notre pays de réformer sa police, sa
justice...
Il semble plus facile aux
députés de faire la chasse aux jeunes
raveurs,
que d'imaginer les moyens efficaces
d'agir contre l'impunité dont
jouissent les délinquants de
tout poils...
La municipalité propose de
créer une police municipale forte de 70
agents, pour un budget annuel
supérieur à 10 millions de francs.
Cette
proposition soulève quelques
questions.
Au prix ou l'on entend payer ces
personnes, ils seront objectivement des
policiers au rabais...
L'îlotage cesse bien avant
20h dans nos quartiers et reprend au matin,
les policiers de la mairie ne
combleront jamais ce vide.
Le droit à la
sécurité est garanti à chacun par la
constitution,
pourtant le commissariat de Vitry
est sous doté par rapport à ceux
d'Alfortville ou de
Paris.
Où seront trouvés,
dans le budget de la ville, les moyens de ses
nouvelles dépenses
?
Comment peut-on demander aux
citoyens de Vitry de payer une deuxième
fois un service qui leur est
dû par l'État républicain?
Et si finalement c'était
là "la réponse" pourquoi ne pas l'avoir
mise en
oeuvre plus tôt?
III Pour une alternative
progressiste!
Une autre politique est possible,
ensemble commençons à élaborer ce
que
pourrait-être une action
renouvelée de notre commune, pour éradiquer
la
petite
délinquance.
Prévention
Pour notre sécurité,
l'avenir de notre ville et de nos enfants,
nous refusons de cautionner le
projet de police municipale.
Nous voterons et appelons à
voter NON
au référendum du 20
janvier 2002.
Les principes du contrat local de
sécurité
La circulaire
interministérielle du 28/10/97 présente la
contrat local
de sécurité comme "
un outil principal dune politique de
sécurité
privilégiant
léducation à la citoyenneté
comme axe de la prévention, la
proximité comme objectif de
redéploiement de la police et de la
gendarmerie et
lefficacité par le renforcement de
laction conjointe de
lensemble des services de
lEtat ". Si le préfet est à
linitiative du
contrat, son élaboration
proprement dite est assurée conjointement
par
le préfet, le procureur de
la République et le maire.
Dans cette optique, nous pensons
que la création dune police
municipale
nest pas la réponse la
plus efficace au problème de
linsécurité.
Il nous semble quune autre
politique est possible, mise en uvre depuis
plusieurs années dans
dautres communes comparables à Vitry-sur
?seine
et dont les résultats
positifs peuvent déjà être
mesurés :
1) Création dune
maison de justice et de droit
Trois objectifs :
* Favoriser une action purement
judiciaire ciblée sur la petite
délinquance locale. De
nouveaux modes de traitement judiciaire tels
que
le rappel à la loi, le
classement sous condition, les mesures de
réparation pour mineurs, la
médiation, proposent des solutions
alternatives aux poursuites ou
à lincarcération, elles
interviendraient
rapidement après toute
infraction constatée ;
* Offrir aux justiciables un
accès gratuit au droit grâce
à
lorganisation de permanence
de conseils juridiques et daide aux
victimes respectivement
assurées par le barreau local et les
associations ;
* Promouvoir une véritable
politique de communication à légard
des élus
locaux et instaurer un réel
dialogue entre la justice et les forces
vives de lenvironnement
local, services publics, établissements
scolaires, milieu associatifs,
etc.
2) La médiation
sociale
Dans le cadre de la redynamisation
urbaine, le recrutement dagents de
médiation sociale dont la
fonction serait de servir dinterface
entre
les populations des quartiers et
les services municipaux. Léducation
à
la citoyenneté et
laide aux personnes les plus fragiles seraient
leurs
principales missions.
3) Le problème de la
nuit
La création " demplois
au services de la sécurité et de la
tranquillité
publique " au titre du programme
gouvernemental " nouveaux emplois,
nouveaux services " sous
lappellation " Correspondants de nuits ".
Ces
agents auraient pour missions
dassurer un service nocturne à
mi-chemin
entre la sécurité et
la médiation conduit en partenariat avec la
police
nationale du commissariat de
Vitry-seine-. A limage des villes de
Rouen, Rennes, etc. Les "
correspondants de nuit " pourraientt
constituer une réponse aux
problèmes et aux carences qui affectent
la
vie des résidents des
quartiers sensibles. Ils assureraient une
présence
humaine active à double
vocation de veille technique et de dialogue ou
de médiation.
Avantage supplémentaire, une
telle politique entrerait dans le cadre de
financements prévus depuis
quelques années par les services de
lEtat,
les collectivités
territoriales, les bailleurs sociaux et les
copropriétés
privées. En Revanche le choix de la police
municipale
suppose un financement à la
seule charge des contribuables de
Vitry-sur-seine.
collectifvcpm@club-internet.fr
operrot@club-internet.fr
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******************************
8)
MESSAGES DIVERS
"Justice" le canard du SM que j'ai
consulté hier soir au GISTI a eu la
même
idée que nous (au GISTI):
ils ont reproduit le texte du MIB, "nous
sommes
tous Youssef", dans leur dernier
numéro et y ont adjoint des textes plus
anciens montrant que le
problème n'est pas nouveau
Antoine
____________
To:
etatpenal@conflits.org
Sent: Tuesday, November 27, 2001
10:36 PM
Subject: [etatpenal] police
de la pensée
Lu dans Ouest-France de ce matin,
ce que je reproduis in-extenso :
Plusieurs policiers ont
porté plainte ces derniers jours à Rennes,
contre un
juge et le syndicat de la
magistrature. Ils s'estiment "diffamés
et
outragés" par un petit livre
portant sur le contrôle
d'identité.
"Vos papiers : que faire face
à la police ?". Le titre du livre est
écrit en lettres bleues. Il
barre le visage d'un porc dessiné avec des
dents
menaçantes et coiffé
d'une casquette. L'animal est censé
représenter un
policier. Rien d'étonnant
que l'ouvrage ait fait sursauter les
intéressés.
Mais ce qui a mis le feu dans les
commissariats, c'est que le petit
livre frondeur est l'oeuvre d'un
magistrat, Clément Schouler. Et qu'il a
été
publié à l'initiative
du Syndicat de la magistrature, classé à
gauche et
auquel appartient le juge. Le choix
de la maison d'édition, l'esprit
frappeur, à la ligne
éditorialiste plutôt provocatrice, n'a pas
arrangé les
choses.
En vente depuis octobre, le livre a
roulé dans les services des
commissariats, faisant gonfler la
colère de bureau en bureau. "Ils se
foutent de nous", tempête un
policier rennais en désignant les juges.
"La
police n'avait pas besoin de ce
genre d'écrits en ce moment". On semble
loin
du front uni justice-police pour
dénoncer le manque de moyens, même
si
certains magistrats,
adhérents à d'autres syndicats, ne cachent
pas leur
désapprobation.
A Rennes, le procureur de la
République a reçu une dizaine de
plaintes
de fonctionnaires de police contre
le juge, auteur du livre, et son
syndicat. Les plaignants se disent
"diffamés" et estiment que l'ouvrage
donne une image dégradante
de la profession.
"Ce livre met en cause ma
probité, ma déontologie et mon attachement
aux
valeurs de la République"
s'indigne un policier rennais. Les passages
incriminés évoquent
les "contrôles d'identité au faciès,
qui, écrit Clément
Schouler, sont non seulement
monnaie courante mais se multiplient".
Les policiers n'acceptent pas le
portrait plutôt xénophobe que
l'auteur
dresse d'eux. "J'espère que
la justice va prendre en compte la
légitime
demande de condamnation que nous
avons déposée", commente un
fonctionnaire
de Rennes.
Clément Schouler, magistrat
à Versailles, explique qu'il voulait
"simplement informer les citoyens
que le régime juridique des
contrôles
d'identité". Le magistrat
pense que "les gens doivent avoir la réaction
la
plus adéquate devant ces
contrôles. Aucun livre ne traitait du sujet.
C'est
aujourd'hui chose faite. C'est la
démarche qui anime le Syndicat de la
magistrature, quelles que soient
les circonstances". Quant au dessin de la
couverture -le porc avec la
casquette" "elle rentre dans la ligne
éditoriale
de la maison
d'édition".
Il semble qu'après avoir
demandé que l'ordre règne dans la rue,
certains
syndicats de police souhaitent que
l'ordre règne sur les esprits, voilà
qui
augure mal de la
suite...............
Gilles Sainati, auteur de ce se
message est
co-auteur du livre de Laurent
Bonelli, "la machine à punir"
Vice Président du
SM
__________
Pour info (et faites
suivre)
Mardi 4 décembre, le
ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant a
violemment
critiqué le livre du juge
Clément Schouler (Syndicat de la
magistrature),
"Vos papiers ! Que faire face
à la police ?" (éditions L'Esprit
frappeur). À
la tribune de l'Assemblée
nationale, le ministre a qualifié l'ouvrage de
"
scandaleux et insultant ", avant
d'annoncer qu'il porterait plainte aux
côtés de policiers du
SNOP (Syndicat national des officiers de police).
En
effet, la préface de
l'ouvrage précise qu'il expose les droits des
citoyens
face à des contrôles
de police pour répondre à la situation
croissante des "
contrôles au faciès ".
Pour le ministre et des membres du SNOP,
l'évocation
de ces contrôles serait
diffamatoire envers la police nationale.
Pour acheter "Vos papiers ! Que
faire face à la police ?" avant son
interdiction : envoyer 10F par
exemplaire + 10F de frais de port quel que
soit le nombre d'exemplaires
à L'Esprit frappeur, 9, passage Dagorno,
75020
Paris.
Antoine
--------
salut,
Il y a une manif samedi 8
décembre (jour des illuminations à Lyon),
organisé
par le MIB, Agora-Divercité
et l'AFLIDD, en souvenir des gens morts en
détention : RDV à
18H30, 12 quai Perrache Lyon 2° devant la prison St
Joseph
(je crois qu'ACT UP est aussi de la
partie, mais j'ai pas vérifié
l'info
!!).
Peux-tu comuniquer cette info sur
la ML ?
solidairement,
raf,
shootababylon@nomade.fr
___________
Concernant la reflexion de Serge
Quadruppani sur la "responsabilite humaine
et morale des ecrivains de polars
qui travaillent sur les questions de
banlieue ou de la violence " je me
pose la question suivante que je pose
aux professionels de l'ecriture et
de la pratique de la pensee :
Serait-il-possible de faire naitre
un(e) heros qui refuserait de par ses
attitudes et son etre meme d'etre
englouti(e) par le deferlement de haines
et de violences propre a cette
guerre mondiale qui arrrive vers nous comme
la maree sur une plage ?
Quelqu'un(e) par exemple qui du 25
eme etage de sa tour de banlieue
n'aurait pas l'idee de se jeter par
la fenetre mais deciderait de devenir
peintre de couchers de soleil !
Quelqu'un(e) qui avec son RMI deciderait de
faire de la gastronomie au lieu
d'acheter des boites de Canigou !
Quelqu'un(e) de jeune, souple et
mou(lle) en complete contradiction des
guerriers qui envahissent nos
vies(lles) ! Il(elle) rencontrait les
personnages -noirs- de romans noirs
et ferait de-rap-er les trajectoires
vers des terrains ou la violence
n'aurait plus de prises ?!
Pensez-vous qu'un(e) tel(elle)
personnage pourrait naitre et vivre ?En tout
cas bon courage pour votre
action
Francois Cerutti (membre de votre
reseau)
_____________
Salut,
nous vous transmettons ce texte que
nous essayons actuellement de diffuser
autour de nous faites-en ce que
vous voulez. À bientôt !
L'expression artistique
doit-elle
être validée par la
police ?
Le groupe de spectacle vivant
Ici-Même (Grenoble) explore depuis
plusieurs
années les différents
usages de l1espace public, à travers des
interventions
diverses - souvent non
annoncées - telles que danse, diffusions
sonores,
performances, installations
plastiques, détournement de mobilier
urbain,
affichettes, tracts, débats
et discussions informelles dans des lieux
publics. Le 22 septembre 2001,
à l1occasion de la présentation de
saison
2001/2002 du Cargo - dans laquelle
Ici-Même est programmée - le groupe
a
transformé un arrêt de
tram en « épicerie bazar ». La veille,
nous nous
étions livré à
un questionnaire auprès de passants autour d1un
marché (le
marché St-Bruno, à
Grenoble) sur des thèmes liés à
l1actualité ; les
questions et les réponses
avaient été
ré-interprétées et restituées
sous
forme de petits tracts recto-verso
distribués de la main à la main au
public
venu assister à la
présentation de saison ; en voici quelques
exemples : «
Combien vaut une idée
reçue ? » - « J1ai pas peur des
américains parce
qu1ils ont déjà fait
la guerre partout, alors c1est normal. Mais j1ai
peur
des arabes parce qu1ils font
n1importe quoi. », « De quoi avez-vous peur ?
»
- « J1ai peur de mon dieu.
», « C1est quoi le temps perdu ? » -
« ça a du
sens si on prend le
chronomètre, sinon ça n1existe pas »,
ou encore : « S1il
fallait changer quelque chose, ce
serait quoi ? » - « Moi j1ai déjà
changé
de pays, de langue, tout
changé, alors ». Certaines de ces phrases
(ainsi
que des mots entendus dans la
journée) avaient été écrits
sur des cartons de
couleurs fluos, en forme «
d1explosion » - utilisés dans les vitrines
pour
annoncer des promotions - et
scotchés sur l1arrêt de
tram-épicerie. Trois de
ces phrases : « Faut exploser
toutes les voitures, Marlboro et les usines
à
Pastis, supprimer toutes les
religions et ça ira mieux. », « Je n1ai
pas
peur des américains. »
et « On ne le dira jamais assez, Ben Laden est
un
produit de la c.i.a. » ont
motivé une intervention de la police. Suite
à un
procès-verbal sortant
totalement ces phrases de leur contexte - pas un
mot
sur les autres phrases, à
contenu plus intime ou poétique, ni sur
la
transformation de l1arrêt de
tram - un membre du groupe s1est vu
interpellé
pour Apologie de crime (passible de
cinq ans de prison et 300 000 f
d1amende). Convoquée par le
procureur de la république devant un
médiateur,
cette personne a
préféré signer un
procès-verbal indiquant qu1elle avait
pris connaissance des peines
encourues en cas de poursuite pénale suite
à
récidive, classant ainsi
l1affaire sans suite, plutôt que de s1exposer
à
d1éventuelles poursuites,
qui auraient risqué, dans le contexte actuel,
de
ne pas tourner à son
avantage, selon les dires du médiateur.
Nous considérons avoir eu
affaire à un chantage de la police et de
la
justice, mettant dans la balance un
chef d1accusation disproportionné par
rapport aux faits réels ;
cela à de quoi nous inquiéter. En ces temps
«
vigipiratés »,
où l1on fait promptement les amalgames entre
insécurité
quotidienne et terrorisme
international, « antimondialisme »
et
antidémocratie, ou tout
simplement : étranger (pauvre) et
ennemiSva-t1on
voir la censure s1abattre sur la
création artistique - spécialement en
ce
qui concerne l1espace public - et
banir tout ce qui y relève de l1ironie,
la
polémique, la provocation,
bref, du politiquement incorrect ?
<ETH> Ici-Même
(Grenoble), le 23/11/2001
Ici-Même
au Brise glace, 24, rue
Ampère F38000 Grenoble
Tél : 04 76 84 53 90 Fax :
04 38 12 03 79 E-mail : icimeme@free.fr
___________________________
POUR NE PAS DIRE PLUS (l'article de
libé nous a valu un courrier
déplaisant.
Le voici :)
Bonjour citoyens!
Enseigants depuis une quinzaine
d'années en région parisienne,
ayant
toujours viscéralement
voté et milité à gauche, notre
surprise est grande
pour ne pas dire plus à la
lecture de l'article paru dans "libération"
ce
jour intitulé: "Un
réseau contre l'hystérie
collective".
En effet vous dénoncez une
soit-disante dérive sécuritaire en vous
basant
sur des "bavures"
avérées lors de contrôles de polices
ayant mal tournés, et
ayant entrainés la mort d'
un policier (une femme en l'occurence) et
d'une
des personnes qui tentait
d'éviter l'interpellation.
Vu l'heure tardive, nous ne
souhaitons pas polémiquer sur les
circonstances
de ce drame mais réagir en
tant que citoyens devant le fossé qui se
creuse
de plus en plus entre une partie de
la gauche (notre famille de coeur et de
pensée) et l'électeur
lambda! Car vous ne semblez pas prendre la
mesure du nombre
"d'incivilités" (pour reprendre le language
édulcoré des
médias) qui pourissent la
vie de nombre d'entre nous, notamment dans
l'enseignement (insultes, menaces,
agressions directes parfois, sans compter
les roues crevées etc......)
commises par "des mineurs venants de quartiers
populaires" (sic) Au passage
permettez que l'on vous rappelle que tous les
profs ne viennent pas du
16ème et que beaucoup d'entre nous sont issus
de
ces mêmes
quartiers!!!
Alors , plutôt que d'agiter
l'épouvantail de " l'hystérie
sécuritaire"
demandez-vous et Mr Pocrain en
premier, comment éviter le retour de la
droite R.P.R au pouvoir en
étant à l'écoute de citoyens qui
souhaitent
simplement vivre dans une
société apaisée et accessoirement,
excercer leur
métier dans le respect des
valeurs démocratiques et républicaines,
sans
céder à une
démagogie envahissante et afin d'éviter une
cécité
compassionelle. bien à
vous
Des amis profs de Paris et
banlieues.
____________
Mireille, Violaine,
>
> je vous joins la
présentation d'une association qui associe "police
et
> droits de l'homme". Bizarre et
je me méfie, mais ça pourrait valoir
le
coup
> de les mouiller un peu (et de
tester leur attachement réel aux droits
de
> l'Homme) à l'occasion
des procès suites à bavures
policières
> je n'ai plus les
coordonnées du collectif qui s'est
créé suite au procès
> Hiblot. Pouvez-vous faire
suivre ?
>
> Antoine
> Association nationale police
et société
>
> Domaine :
Citoyenneté/Droits de l'homme
> Région :
National
> Date de création :
1991
> Sigle : ANPS
>
> Objectif : Défendre les
droits de l'homme
> Activités : Cette
association est composée de policiers actifs ou
à la
> retraite mais aussi de
chômeurs, d'universitaires, de chefs
d'entreprise,
> etc. Son activité
principale est de mener des actions en
collaboration
avec
> des associations et des
syndicats (Mrap, Ligue des droits de l'homme,
> Amnesty, Syndicat de la
magistrature, etc.) en faveur des droits de
l'homme
> et, ainsi, de dénoncer
les maux de la société. L'ANPS prend ainsi
position
> par le moyen de
manifestations, de débats et de
communiqués, contre le
> racisme,
l'antisémitisme, l'exclusion des personnes
défavorisées, etc.
Elle
> a dernièrement
dénoncé les propos du pape contre le
préservatif.
> L'association,
présidée par un policier à la
retraite, ancien membre du
FASP
> (syndicat de policiers),
dénonce les dérives racistes de la police
tout en
> cherchant à expliquer
le travail "positif" effectué par les policiers.
Le
> président rencontre
notamment des anciens détenus afin de dialoguer
avec
eux
> sur les méthodes
policières et, ainsi, de rapprocher police et
société.
> Par ailleurs, l'ANPS collecte
des dons pour des associations telles que le
> Secours Catholique,
Emmaüs et elle subventionne des vacances
d'enfants.
>
> Bilan : Certaines actions
menées ont porté leur fruit, notamment
celle
> contre les coupures
d'électricité sans enquête
préalable sur la situation
> sociale et professionnelle de
la personne concernée. Sur l'évolution de
la
> police, l'ANPS est très
pessimiste : " Entre la professionnalisation
de
> l'armée et le
développement des polices municipales comme
à Nice, on
prépare
> le terrain pour Le Pen ",
explique le président de l'association.
L'ANPS
ne
> baisse pas les bras pour
autant, prête à se mobiliser tant qu'il
le
faudra,
> dans l'attente d'une
relève qui tarde à se manifester. Bilan au
15 juin
> 2000.
>
> Source :
> Contact : Louis Demard ;
Président
>
> Adresse : 16, rue de la Roche
86000 Poitiers
> Téléphone : 05
49 61 31 63
> Fax : 05 49 46 09
07
>
___________
> Le film de Tavernier est
à voir (Cf l'article du Monde, de l'huma de
Libé,
> de...).
>
> Il est aussi un vecteur de la
Campagne contre la Double peine, or il est
en
> salle cette semaine et il faut
un minimum de monde dans les salles pour
> qu'il y reste (souvenons-nous
du CD). Alors ce week-end, il fera froid et
> les salles de ciné sont
chauffée. Vous ferez d'une pierre quatre coups
en
y
> allant:
>
> - Vous militerez,
> - Vous ferez perdurer la
campagne contre la double peine,
> - vous serez au
chaud,
> - Vous verez un documentaire
de Tavernier.
>
>
> Ah! n'oubliez pas de faire
circuler cette info, même par un simple
transfert
> du présent
mail.
>
> Amitiés
>
> Stéphane
MAUGENDRE
_________
Boris Gabriel, signataire de la
fabrique, nous signale un
texte très
intéressant concernant le traitement
médiatique du match
France-Algérie
sur :
http://www.peripheries.net/e-fralg.htm
(Le texte est trop long pour le
reproduire ici)
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*************************************
Ouf,
A bientôt,
Fred.