LETTRE N°9, 9/12/01

 

Bonsoir à toutes et à tous,

 

Encore un sommaire assez copieux.

Un projet de charte du Réseau, pour discussion dans la perspective de l'AG

du 19/12, vous sera diffusé dans les jours qui viennent.

 

Nous commençons à recevoir des textes pour le recueil. Ces textes ne sont

pas reproduits dans la Lettre. Merci à leurs auteurs. Nous rappelons que les

textes doivent être inédits. Un comité éditorial sera mis en place à l'AG du

19 pour mener ce projet à bonne fin.

 

Nous recevons de plus en plus de demandes des premiers numéros de la Lettre.

Nous ne pouvons plus suivre. Y aurait-il quelqu'un qui pourrait faire un

site (ou les mettre sur son site) pour rendre ces archives accessibles ?

Nous contacter svp.

 

PS : Si certains parmi vous ne souhaitent plus recevoir la lettre, merci de

nous le signaler par retour de mail.

 

Bonne lecture,

 

 

Sommaire :

1) Assemblee generale du reseau le 19 décembre a 19 h au CICP

2) Premier bilan du procès concernant la mort d'Aissa

3) Nouveaux membres du réseau (depuis le 10/11)

4) La parentalite entre violences politiques et violences urbaines.Un texte de Fabienne Messica.

5) Une interview de Laurent Mucchielli, parue dans Strasbourg à gauche.

6) Etat d'urgence planetaire, un texte de François (samizdat)

7) Collectif Vitriot contre la police municipale, Olivier Perrot

8) Messages divers

 

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1) ASSEMBLEE GENERALE DU RESEAU LE MERCREDI 19 DECEMBRE A 19 H AU CICP

 

Le réseau contre la fabrique de la haine compte à ce jour 280

correspondants. Il est devenu nécessaire de se rencontrer physiquement pour

débattre des buts et des méthodes que se donne le réseau.

 

Nous proposons à l'ordre du jour de cette première rencontre :

A) adoption d'une charte du réseau

B) bilan de la mobilisation au procès de Versailles

C) mise en place d'un comité éditorial pour le recueil

D) projet de colloque sur l'apartheid social et l'idéologie sécuritaire

E) relations avec le MIB et les autres organisations

 

CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris

Métro : Nation ou Boulet-Montreuil

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2) PREMIER BILAN DU PROCES CONCERNANT LA MORT D'AISSA

J'espère que tout le monde a eu les comptes-rendu de Serge, Maud, Brigitte,

sur les deux jours de procès.

Nous sommes assez pessimiste sur le verdict, qui sera donné seulement le 6

février. On se dirige vraisemblablement vers une relaxe des policiers.

Nous avons probablement sous-évalué dans les comptes-rendu le nombre de

participants au réseau présents. Les gens qui ne se connaissaient pas n'ont

pas pu se rencontrer, sauf ceux qui étaient là le mardi soir.

La conférence de presse du 30/11 et l'article de Libé sur le réseau nous ont

valu des appels de journalistes de France 2, qui a fait une itv de Serge Q.

qui n'a apparemment pas été diffusée, et des Inroks, qui doivent faire un

papier. On peut supposer que la mobilisation du réseau avec le MIB a

contribué à médiatiser le procès, dont l'issue passera peut-être moins

inaperçue.

A part Libé, Le Monde a publié un article qui ne mentionne ni le MIB ni le

réseau. Nous ne savons pas si des choses ont été publiées ailleurs.

 

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3) NOUVEAUX MEMBRES DU RESEAU (depuis le 10/11)

 

AMBRE Brice, informaticien

AUBERT Olivier, journaliste

AVRIL Christelle (doctorante ENS)

BATTAGLIA Valérie, Verts, Val d'Oise

BEAUD Stéphane Maître de conférences en sociologie à l'université de Nantes,

en délégation au CNRS (CSU)

BERTAUX Sandrine

BILLY Gérard, Enseignant

BLANCHARD Emmanuel (GISTI)

BONELLI Laurent, Chercheur en sciences politiques

BOUTAULT Virginie

BRISSON thomas (doctorante ENS)

BRUSCHET pauline

BUGUEL Jean, écrivain.

CAILLEUX Nicolas, étudiant,

CALARET François, étudiant,

CARRÈRE Violaine (membre du bureau du Gisti)

CERCLIER Sylvie, enseignante, AC!

DAVISSE Françoise, réalisatrice

DE ST-DO Valérie (Comité de rédaction de la revue Cassandre).

DUPUY Jean Pierre

EL KASSABI ASSANA

EL KASSABI Habiba

FONTAINE Jean-Marc, Maitre de Conférences, Economie(IEDES-Paris I)

GALLOT Fanny, étudiante

GAUBERT Christophe, sociologue

GÉRARD Sylvie

GLADIATOR Jimmy, éditeur

HASSEN HAMOUDA Ben (DYNETCOM)

HÉLIN Bruno

JACQUIER Charles

KHIAT Pénélope, enseignante

LAINÉ Gilles, chargé de mission, Affaires étrangères

LAPOSTOLLE Gaëlle, étudiante,

LDH Chatenay

LÉPINARD Eléonore (doctorante ENS)

MAIZA Teddy, attaché des élus verts Aubervilliers.

MARSO Phil (écrivain)

MASCLET Olivier (sociologue)

MOUETTE Edouard, étudiant,

NAUDIER Delphine, sociologue

NININ Mathieu

ODIC Gilles (Noumea)

ODU (observatoire du droit des usagers)

PARIZOT Xavier (i&e Consultants)

PATAEZ Julie, étudiante,

SAUVIAT Catherine, économiste

SIBLOT Yasmine (doctorante ENS)

VATANT Alice, étudiante,

VOIRON Philippe

WIESENBACH Roger

WOUTERS Luc

 

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4) LA PARENTALITE ENTRE VIOLENCES POLITIQUES ET VIOLENCES URBAINES

Un texte de Fabienne Messica.

 

 

L'initiative prise par certaines municipalités, y compris par de grandes

villes comme Strasbourg,, de décréter ce que les journalistes ont appelé "

le couvre-feu " pour les enfants de moins de 13 ans ou de moins de 16 ans

vivants dans les " quartiers " a fait l'objet de maintes critiques. En

termes d'efficacité sécuritaire comme en termes de protection de l'enfance,

ces mesures saisonnières interdisant la circulation entre 23 heures et 6

heures des enfants non accompagnés par un adulte, sont jugées totalement

inefficaces aussi bien par la Police, que par les éducateurs et les juges

des enfants. Tous dénoncent leur caractère démagogique.

 

Si caricaturales et spectaculaires soient-elles, ces mesures ne comportent

pourtant aucun caractère de nouveauté par rapport aux politiques

traditionnelles en matière de sécurité et de traitement " social " des "

incompétences " ou incapacités familiales. La suspicion à l'égard des

familles défavorisées, jugées incapables d'exercer le contrôle nécessaire

sur leurs enfants, s'exprime couramment, soit par des mesures de contrôle,

soit par le développement de formes d'assistance à la parentalité.

 

Ces contrôles s'effectuent par exemple par le biais de la Caisse

d'Allocations Familiales qui peut supprimer les allocations aux familles

pour cause d'absentéisme scolaire prolongé. C'est ainsi qu'en Septembre

dernier, les écoles publiques de Saint - Denis ont diffusé un document de la

Caf avertissant les parents du risque de suspension des allocations en cas

d'absentéisme scolaire des enfants et d'un accord à ce sujet entre la Caf de

Saint-Denis et l'Education Nationale. À l'instar des arrêtés municipaux de "

couvre-feu " qui, cette année, n'ont pas été cassés par le Conseil

Constitutionnel, cette initiative locale, sans être désavouée par le niveau

central , n'est pas à l'heure actuelle appliquée au niveau national. Dans

la mesure où la législation actuelle est suffisante pour que tout enfant

trouvé seul à une heure tardive dans la rue soit reconduit chez lui par la

Police et pour que tout enfant non-scolarisé soit signalé, il convient de

s'interroger sur ce que ces initiatives locales apportent de nouveau.

 

Publicité et pédagogie

 

Outre leur caractère démagogique ces initiatives témoignent de la volonté

de rendre publique un contrôle social qui s'effectuait jusque-là de façon

discrète. Cette " publicité ", en stigmatisant sans complexe les familles,

montre que, par un effet pervers, l'assistance à la parentalité et les

directives politiques concernant le renforcement nécessaire du rôle des

parents, ont eu pour effet de faire admettre l'incompétence des parents

comme une évidence. Le langage pédagogique adopté par la Caf qui met

l'accent sur l'intérêt des enfants est à ce titre très significatif. Le

soupçon de négligence à l'égard des parents s'y mêle à une attitude

compréhensive qui tranche avec la menace de sanctions.

 

 

Territorialisation et singularisation de la loi

 

Ces initiatives ont également pour effet de territoraliser la loi (le

couvre-feu concerne des quartiers précis et se décide à un niveau municipal)

et de la soumettre à une conjoncture (ici saisonnière). Ce qui s'applique

ici au nom d'une urgence sécuritaire, c'est un traitement spécifique des

quartiers tant du point de vue de l'espace que du point de vue du temps.

Ainsi, les populations sont renvoyées à une spatialité et à une temporalité

qui n'est pas la même que celle du reste de la société.

 

Par ailleurs,l'adoption quasi-simultanée par plusieurs municipalités de

mesures de couvre-feu, qu'elle soit concertée ou non, montre qu'il existe

aujourd'hui des coopérations horizontales dont le résultat est de mettre

hors-jeu le niveau central ou étatique. Si le fait de conditionner la

perception des allocations au respect de l'obligation scolaire n'est pas

nouveau en soi (traditionnellement, la Caf contrôle l'inscription des

enfants à l'école en demandant aux parents un certificat de scolarité), la

coopération directe avec l'école est inédite. Elle implique une coordination

entre une administration (la Caf) et une institution (l'école) dont les

vocations sont pourtant distinctes l'une de l'autre. Non seulement elle

traduit une modification substantielle des pratiques en permettant que le

contrôle s'effectue par-delà les parents et tout au long de l'année, mais

plus encore elle pose un grave problème éthique. Doit-on, au nom de

l'efficacité, mettre fin à une distinction des rôles qui garantit d'une part

l'anonymat des informations détenues sur les populations et d'autre-part, la

possibilité pour ces populations, de conserver un espace de liberté comme

interlocuteurs des différents services, administrations et institutions ?

 

 

Une exclusion hors de la loi commune

 

Alors que, dans son principe même, la loi est l'affirmation de

l'appartenance à une même communauté, ces pratiques désignent des quartiers

ou des familles en particulier et font de l'exclusion sociale, ce qui

conditionne et justifie une exclusion hors de la loi commune. En effet, même

si un arrêté municipal n'a pas le statut d'une loi, il appartient à la

sphère de la loi et se l'approprie symboliquement. Or ici, non seulement,

l'élément de la loi est laissé à l'initiative des municipalités ou des

administrations, mais pire encore, il constitue un relativisme. En effet, le

principe de la loi est que lorsqu'elle distingue des groupes (par exemple

des groupes d'âge), c'est à partir de sa généralité et non l'inverse.

Fonder la loi sur une casuistique ( élaborer des règles destinées à un cas

ou un groupe précis ) permet d'évacuer à la fois les fondements et les

effets réels des pratiques. Celles-ci relèvent en effet d'une logique qui se

referme sur elle-même : en reconnaissant par l'intervention de la loi, la

perte de légitimité des parents, elle ne font que l'accroître et provoquer

une augmentation de la violence, laquelle JUSTIFIE à postériori ces mesures

; Il y a là un élément qui s'ajoute à toutes les fermetures des quartiers et

qui accroît le sentiment de non-sens que confère la sorte " d'extra-humanité

" à laquelle ils sont identifiés.

 

 

Conflictualité et violence

 

En effet, si d'un côté la généralité de la loi - l'égalité formelle-

entraîne des conflits avec des individus ou des groupes qui ne veulent pas,

dans leurs conditions sociales d'existence, s'y soumettre, ce conflit a un

sens : il révèle des contradictions. En revanche, l'application de règles

catégorielles, reconnaissant négativement la différence des quartiers ,a

pour effet à la fois de cautionner la violence et l'exclusion de la loi

commune et de vider les conflits de leur sens.

 

De telles règles, en légitimant une violence institutionnelle ciblée,

provoquent celle des individus et des groupes désignés. En même temps, et

c'est un paradoxe, elles évacuent les contradictions réelles liées à la

juxtaposition d'un égalitarisme de principe sans concessions, avec les

effets de l'inégalité sociale et avec la construction, par une partie des

plus défavorisés, d'un rapport fondé sur la domination des plus faibles par

les plus violents. Or, même si des phénomènes comme l'absentéisme scolaire,

les incivilités, la délinquance, la violence ne sont pas de même nature, il

n'en demeure pas moins que cette auto-exclusion et les contradictions

qu'elle révèle leur donnent sens. Une réponse mimétique, traitant d'un point

de vue juridique les quartiers de façon différenciée, est un moyen de

dissoudre l'élément de sens issu de cette contradiction. Car c'est parce

qu'elle conserve le principe de la loi - tout en éclairant les processus de

désintégration sociale par lesquels ce principe devient inopérant - que

cette conflictualité est productrice de sens.

 

Ces phénomènes participent par ailleurs à la fermeture des quartiers liée à

l'appauvrissement des relations avec l'extérieur et ils se conjuguent avec

un puissant sentiment d'enracinement chez les populations. Concernant la

violence, cette double approche de fermeture des quartiers sur eux-mêmes,

produite par l'environnement et par les habitants, conduit au développement

de violences internes aux quartiers et à l'interprétation de ces violences

comme violences contre soi. Quelle que soit sa validité, cette analyse (qui

présuppose que pour les habitants, le quartier, c'est " soi-même ") ne

permet pas elle non plus de poser la question des rapports de cette violence

avec la société. Or, bien que les interactions entre les quartiers et

l'ensemble de la société, se limitent souvent aux rapports avec les

différents intervenants((éducateurs, assistantes sociales, associations ),

la société des quartiers ne peut être considérée isolément. Il ne s'agit pas

ici de relativiser les violences au prétexte que la société libérale est

violente mais de comprendre en quoi ce qu'elles questionnent n'est pas

seulement relatif aux quartiers.

 

Que l'on interprète ces faits comme l'expression d'une révolte ou au

contraire, comme la façon dont des groupes ou des individus instituent par

la violence des formes de pouvoir " totalitaire ", ou bien encore comme le

mélange ou la coexistence des deux éléments, maintenir la tension avec la

loi commune permet de poser la question de la violence dans les quartiers

comme un enjeu pour toute la société. Au contraire, en traitant de manière

différenciée des individus ou des familles à priori suspectés non seulement

de ne pas respecter la loi mais également de ne pas mériter la même loi que

les autres, on substitue à cette conflictualité porteuse de sens, une

violence à l'état pur.

 

 

L'invisibilité des quartiers

 

Un élément constitutif de cette violence institutionnelle est la volonté de

rendre invisible, par une sorte de mesure d'urgence, une partie de la

population. La priorité mercantile en période touristique a été, à juste

titre, dénoncée par la presse. Mais ce qui semble encore plus symptomatique,

c'est qu'il s'agit là d'une priorité sur la vie. Non seulement les arrêtés

municipaux confisquent la ville aux habitants pour la livrer aux seuls

habitants marchands, mais ces arrêtés contiennent un élément mortifère.

Condamner les gens à l'invisibilité, c'est leur signifier leur mort sociale.

C'est pour cette raison que dans certaines sociétés amérindiennes, lorsqu'un

individu se dérobait à la loi, on le condamnait tout simplement à devenir un

invisible pour l'ensemble de la communauté. Il en mourrait finalement aussi

sûrement que si on l'avait abattu. De la même façon, des quartiers ou des

catégories de population comme les sans domiciles fixes, condamnés, dans

certaines villes et à certains moments de l'année, à être des invisibles

sont tout simplement déclarés morts à la société.

 

 

Le parentalisme

 

Par ailleurs, concernant la fonction éducative, les difficultés actuelles

sont à replacer dans une analyse historique des rapports entre l'institution

scolaire et les familles et dans une analyse socio-économique des quartiers.

La question éducative actuelle est directement issue du processus de

séparation entre une fonction économique assurée par la famille et la

fonction politique de l'école. Cette dépossession historique, conjuguée avec

les effets du chômage, se traduit tout naturellement par une perte

d'autorité.

 

Un parent qui n'a plus de rôle économique (nourricier) et qui, en même

temps, n'a aucun pouvoir dans la société, ne peut pas détenir une autorité

reconnue. Par conséquent, confiner la parentalité, pour reprendre un mot à

la mode, à la dimension économique est un piège. Le second piège est de

limiter la notion de valeurs transmises par la famille à la sphère

strictement morale. Car ce que les parents interdisent ou autorisent est

également fonction de leur culture politique et de leur sentiment

d'appartenance à la communauté politique. C'est pourquoi, ce qu'il s'agit de

restaurer n'est pas la famille patriarcale mais bien le lien qui a été

dissous entre la " parentalité " et la citoyenneté.

 

Entre termes pratiques, cela signifie que, c'est en réinvestissant le champ

politique dans lequel la question éducative s'intègre et en obtenant la

reconnaissance de leur rôle, que les familles victimes des discriminations

sortiront, tant de l'impasse sécuritaire que de l'assistanat " parentaliste

".

 

Fabienne Messica.

 

 

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5) UNE INTERVIEW DE LAURENT MUCCHIELLI

 

(parue dans "Strasbourg à gauche" n°10, envoyé par Philippe Breton)

 

Le débat sur la sécurité : une interview exclusive de Laurent Mucchielli

 

Strasbourg à gauche ! : Le débat sur la lutte contre la violence et

l'insécurité a beaucoup évolué ces dernières années. Vous évoquez notamment

le " tournant symbolique " du gouvernement Jospin. Que voulez-vous dire ?

 

Avec l'affaire du " foulard islamique " (1989), les premières " émeutes

urbaines " médiatisées (1990) et la guerre du Golfe (1991), une angoisse

s'est emparée des décideurs politiques. Dans ce contexte, et avec une

pression entretenue par certains groupes de pression comme le syndicat des

commissaires et des hauts fonctionnaires de la police nationale (SCHFPN),

l'opposition idéologique droite / gauche sur la sécurité s'estompe peu à

peu. Les stratégies électorales font le reste. Point d'orgue de cette

dépolitisation : le colloque de Villepinte, quelques mois après la victoire

de la gauche aux législatives de 1997. Ce vaste rassemblement

médiatico-politique donne l'occasion au gouvernement Jospin de proclamer que

la sécurité est un droit fondamental, inscrit dans la Déclaration de 1789,

et qu'elle constitue la seconde priorité de son action après le chômage.

Autre symbole : la place prépondérante du ministre de l'Intérieur au sein

d'un gouvernement qui, au moment de Villepinte, n'a pas encore nommé de

ministre de la Ville…

 

Strasbourg à gauche ! : Quelles sont les conséquences de cette

dépolitisation ?

 

Ce tournant va notamment libérer la parole d'individus ou d'organisations

qui ne craignent plus de tenir un discours catastrophiste. Un véritable "

business de la sécurité " se développe et porte au grand jour de prétendus "

experts " comme Alain Bauer (conseil en sécurité) et Xavier Raufer

(journaliste). Un discours de type néo-sécuritaire voit également le jour du

côté des Renseignements généraux (leur section " violences urbaines ") et du

SCHFPN. On déterre les vieux spectres de la décadence et de la barbarie

incarnées par cette nouvelle délinquance de jeunes à la peau basanée. Enfin,

le thème de l'insécurité devient central dans les médias qui se livrent à

une surenchère continue sur des faits sensés être chaque jour pires que la

veille. Comprenons-nous bien : il est clair qu'il existe des problèmes, mais

ils ne sont ni aussi graves ni aussi récents qu'on ne le dit. En outre, ils

ne relèvent pas toujours d'une activité délinquante. Certaines formes de

violences contre les institutions doivent être analysées en termes

politiques.

 

Strasbourg à gauche ! : Quel regard portez-vous sur les dispositifs mis en

œuvre, notamment les contrats locaux de sécurité (CLS) ?

 

Les CLS renforcent la coordination de l'action publique, ce qui est utile en

soi. Cependant, j'émets trois réserves. D'abord certains maires détournent

les CLS de leurs objectifs à des fins électoralistes. La signature d'un CLS

permet d'occuper le créneau de la sécurité. De plus, ces contrats ont

parfois des retombées en termes d'emplois-jeunes. Ensuite, qui sont les

maîtres d'œuvre des CLS ? Le ministère de l'Intérieur a fait l'erreur de ne

pas assez définir les règles du jeu. Du coup, le terrain est largement

occupé par des sociétés privées, dont les intérêts ne sont pas forcément

ceux du service public. Je remarque enfin que les CLS visent souvent à

faciliter les modes de signalement de la délinquance dans un but uniquement

répressif, abandonnant les objectifs de prévention et méprisant certains

acteurs essentiels dans la prévention (éducateurs, associations de

quartier).

 

Laurent Mucchielli, historien et sociologue, est chercheur au CNRS (CESDIP).

Il publie : Violences et insécurité. Fantasmes et réalités dans le débat

français, La Découverte, 142 p., 2001 (42 F) et " Transformation de la

famille et délinquance juvénile " , Problèmes politiques et sociaux, n° 860,

La documentation française, 2001. Il présente aussi ses travaux sur :

http://laurent.mucchielli.free.fr

 

 

Propos recueillis par Roland Pfefferkorn

 

 

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6) ETAT D'URGENCE PLANETAIRE

Un texte de François (Samizdat)

 

Depuis le 11 septembre 2001, l'instauration d'un état d'urgence

anti-terroriste planétaire sert de prétexte à un renforcement du contrôle

social et à la création d'un lourd arsenal répressif visant l'intimidation

ert

la dissuasion de toute activité politique et sociale non alignée. L'adoption

d'un large éventail de mesures qui étendent les pouvoirs judiciaires et de

police remet radicalement en cause nombres de garanties prévues dans un «

Etat

de Droit ». Cette accélération dans l'instauration de législations

d'exception

rend de fait caduques certains principes énoncés par les différentes

déclarations et conventions des « droits de l'Homme ».

 

Ces nouveaux dispositifs législatifs et judiciaires, qui piétinent tout

critère et règle de la pensée juridique démocratique - de la présomption

d'innocence à la non-rétroactivité des lois et décrêts - concernent la vie

quotidienne de tout un chacun, notamment dans les banlieues, les quartiers

populaires, les lieux de travail et les espaces publics.

 

Ainsi en France, sous le nom de Loi de sécurité quotidienne (LSQ), le

gouvernement a fait voter « à la hussarde » un texte reprenant les mesures

les

plus répressives de textes parfois prévus de longue date (comme par exemple

les mesures originellement contenues dans la LSI, la Loi sur la société de

l'information) qui n'ont rien avoir avec le prétendu « danger terroriste ».

 

Sont particulièrement visées toutes formes de contestation politique, tout

comme les situations sociales considérées « à risque » (Sans-papiers,

Sans-logis, chômeurs, raves, toxicomanie, prostitution, etc.).

 

De même, suppression des frontières au sein de l'Union européenne s'est

réalisée avecla mise en place en parallèle d'un système de surveillance

unifié

(SIS, Système d'information de Schengen). Ce fichier est au coeur de

l'actuelle politique de surveillance renforcée du territoire et de gestion

des

flux migratoires exploitables. De fait, chaque patrouille de police dévient

un

« poste de frontière », et la consultation du fichier SIS devient le point

de

départ potentiel d'une arrestation, d'une procédure d'extradition ou

d'expulsion.

 

Cette véritable guerre judiciaire entraîne la pénalisation de la sphère

publique et privée :

 

D'une part l'émancipation de la police d'un certain nombre de procédures.

Exemple : possibilité d'intrusion dans un local associatif ou un domicile

privé sans nécessité d'un mandat du procureur.

 

De l'autre par l'attribution au judiciaire et notamment à la justice pénale,

de nouvelles compétences dans le règlement des controverses sociales et

administratives, voire le passage de l'infraction administrative au délit

pénal. Exemple : dans le métro, après la dixième infraction constatée, un

individu encourt jusqu'à 6 mois de réclusion et 50 000 frs d'amende. Cette

loi

criminalise tout autant la fraude pour cause de précarité que la

revendication

de la gratuité des transports.

 

Intensification des moyens de contrôle, exemple : la vérification du titre

de

transport se transforme en véritable contrôle d'identité. Les transports

publics deviennent des lieux de contrôle social intensif et systématique

avec

la pratique du contrôle au faciès dans le but de repérer les clandestins et

les comportements hors normes. Avec Vigipirate renforcé, il est ainsi

constaté

une augmentation de 40% des mises en centres de rétention et le triplement

de

la vidéo surveillance dans les lieux publics.

 

Le fichage systématique des populations définies comme « défavorisées »

(fichier européen EURODAC sur les sans-papiers et les demandeurs d'asile).

 

La légalisation de l'intrusion dans la sphère personnelle, voir intime, dans

la « vie privée ». Exemple : avec la loi de sécurité quotidienne, les

fournisseurs de l'Internet sont obligés de garder des traces de toutes les

connexions de leurs clients pendant un an. Avec ce système d'espionnage de

masse la vie privée de tout citoyen est à la disposition de la police ou des

agents administratifs.

 

C'est aussi une criminalisation préventive des luttes sociales les plus

diverses, des mouvements d'opposition à la mondialisation capitaliste

néo-libérale à toute pratique collective de contestation.

 

Ne sont pas considérés « simplement » illégaux, mais qualifiés d'actes

terroristes, les comportements comme :

 

L'occupation dite « abusive » de lieux publics, ou les dommages faits aux

biens et aux transports publics (voire l'occupation de l'église de

Saint-Bernard ou d'une usine).

 

Le détournement ou l'interruption de biens et de services publics (eau,

électricité, moyens de transport, etc.).

 

l'incursion « sauvage » dans un système d'informations (hackers,

virtualistes,

réseaux indépendants).

 

+ Mise en place d'un espace judiciaire européen sans fondement

constitutionnel

sur la base de la reconnaissance mutuelle des sentences et de tout acte de

justice.

 

+ La création d'un mandat d'arrêt européen permettant de livrer à la justice

d'un autre pays membre des personnes résidantes ou nationales sans les

garanties de tutelle prévues par l'ancienne procédure d'extradition.

 

Comment devient-on suspect aujourd'hui ? La simple prédisposition à

commettre

un délit (par exemple un délit non-factuel comme celui d'association)

bascule

dans la sphère pénale sur la base de cet état d'urgence permanent et de la

logique sécuritaire.

 

Tout homme et femme, militant, citoyen, participant à un mouvement social ou

non, nous sommes tous concernés par ces lois liberticides.

 

Nous vous invitons à nous retrouver pour un premier FORUM DE L'INSOUMISSION

DE

LA DÉSOBÉISSANCE SOCIALE, pour créer ensemble une dynamique de lutte et

d'action contre la machine répressive :

 

Dimanche 9 décembre 2001 à 18h

CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris

Métro : Nation ou Boulet-Montreuil

 

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7) COLLECTIF VITRIOT CONTRE LA POLICE MUNICIPALE, Olivier Perrot

 

Bonjour

La ville de Vitry sur Seine vient de proposer de consulter la population

de la ville sur la question de la "création d'une police municipale"

Dés l'annonce de cette proposition un collectif Vitriot Contre la Police

Municipale c'est mis en place.

Nous pensons que la création d'une police municipale à Vitry sur Seine

n'est pas la bonne réponse.

Nous organisons actuellement sur la ville un certain nombres

d'initiatives (distribution de tract, organisation de débat autour des

questions sécuritaire).

Nous pourrions certainement échanger ensemble nos contacts.

Vous trouverez ci joint un article paru dans le parisien de lundi sur la

création de notre collectif.

Dans l'attente d'un contact

Par ailleurs nous organisons autour de la question du projet de la

création de cette police municipale un débat vendredi 14 décembre.

Pourquoi pas avec votre participation...

Contact

Olivier Perrot

pour le collectifVCPM

 

Mail operrot@club-internet.fr

 

 

LA MUNICIPALITÉ DE VITRY SUR SEINE PROPOSE DE CRÉER UNE POLICE

MUNICIPALE

CETTE MESURE SERA SOUMISE A RÉFÉRENDUM

 

NOUS VOTERONS ET APPELONS A VOTER NON AU RÉFÉRENDUM DU 20 JANVIER 2002

 

Nous nous méfions des apprentis sorciers liberticides. Par notre dernier

vote, ensemble nous avons fait le choix d'exclure de la représentation

municipale, l'extrême droite.

Nous regrettons que la majorité de gauche plurielle devant l'échec de sa

politique de sécurité menée au niveau national fasse le choix de la

fuite en avant, au niveau local. Qu'elle choisisse, dans une telle

période, comme premier acte fort de sa mandature de mettre ce débat sur

la place publique.

Le mouvement en cours, parmi les gardiens de la paix, illustre l'ampleur

du problème, le besoin pour notre pays de réformer sa police, sa

justice...

Il semble plus facile aux députés de faire la chasse aux jeunes raveurs,

que d'imaginer les moyens efficaces d'agir contre l'impunité dont

jouissent les délinquants de tout poils...

 

La municipalité propose de créer une police municipale forte de 70

agents, pour un budget annuel supérieur à 10 millions de francs. Cette

proposition soulève quelques questions.

Au prix ou l'on entend payer ces personnes, ils seront objectivement des

policiers au rabais...

L'îlotage cesse bien avant 20h dans nos quartiers et reprend au matin,

les policiers de la mairie ne combleront jamais ce vide.

Le droit à la sécurité est garanti à chacun par la constitution,

pourtant le commissariat de Vitry est sous doté par rapport à ceux

d'Alfortville ou de Paris.

Où seront trouvés, dans le budget de la ville, les moyens de ses

nouvelles dépenses ?

Comment peut-on demander aux citoyens de Vitry de payer une deuxième

fois un service qui leur est dû par l'État républicain?

 

Et si finalement c'était là "la réponse" pourquoi ne pas l'avoir mise en

oeuvre plus tôt?

 

III Pour une alternative progressiste!

 

Une autre politique est possible, ensemble commençons à élaborer ce que

pourrait-être une action renouvelée de notre commune, pour éradiquer la

petite délinquance.

Prévention

 

Pour notre sécurité, l'avenir de notre ville et de nos enfants,

nous refusons de cautionner le projet de police municipale.

Nous voterons et appelons à voter NON

au référendum du 20 janvier 2002.

 

Les principes du contrat local de sécurité

 

 

La circulaire interministérielle du 28/10/97 présente la contrat local

de sécurité comme " un outil principal d‚une politique de sécurité

privilégiant l‚éducation à la citoyenneté comme axe de la prévention, la

proximité comme objectif de redéploiement de la police et de la

gendarmerie et l‚efficacité par le renforcement de l‚action conjointe de

l‚ensemble des services de l‚Etat ". Si le préfet est à l‚initiative du

contrat, son élaboration proprement dite est assurée conjointement par

le préfet, le procureur de la République et le maire.

 

Dans cette optique, nous pensons que la création d‚une police municipale

n‚est pas la réponse la plus efficace au problème de l‚insécurité.

 

Il nous semble qu‚une autre politique est possible, mise en uvre depuis

plusieurs années dans d‚autres communes comparables à Vitry-sur ?seine

et dont les résultats positifs peuvent déjà être mesurés :

1) Création d‚une maison de justice et de droit

Trois objectifs :

* Favoriser une action purement judiciaire ciblée sur la petite

délinquance locale. De nouveaux modes de traitement judiciaire tels que

le rappel à la loi, le classement sous condition, les mesures de

réparation pour mineurs, la médiation, proposent des solutions

alternatives aux poursuites ou à l‚incarcération, elles interviendraient

rapidement après toute infraction constatée ;

* Offrir aux justiciables un accès gratuit au droit grâce à

l‚organisation de permanence de conseils juridiques et d‚aide aux

victimes respectivement assurées par le barreau local et les

associations ;

* Promouvoir une véritable politique de communication à l‚égard des élus

locaux et instaurer un réel dialogue entre la justice et les forces

vives de l‚environnement local, services publics, établissements

scolaires, milieu associatifs, etc.

2) La médiation sociale

Dans le cadre de la redynamisation urbaine, le recrutement d‚agents de

médiation sociale dont la fonction serait de servir d‚interface entre

les populations des quartiers et les services municipaux. L‚éducation à

la citoyenneté et l‚aide aux personnes les plus fragiles seraient leurs

principales missions.

3) Le problème de la nuit

La création " d‚emplois au services de la sécurité et de la tranquillité

publique " au titre du programme gouvernemental " nouveaux emplois,

nouveaux services " sous l‚appellation " Correspondants de nuits ". Ces

agents auraient pour missions d‚assurer un service nocturne à mi-chemin

entre la sécurité et la médiation conduit en partenariat avec la police

nationale du commissariat de Vitry-seine-. A l‚image des villes de

Rouen, Rennes, etc. Les " correspondants de nuit " pourraientt

constituer une réponse aux problèmes et aux carences qui affectent la

vie des résidents des quartiers sensibles. Ils assureraient une présence

humaine active à double vocation de veille technique et de dialogue ou

de médiation.

 

Avantage supplémentaire, une telle politique entrerait dans le cadre de

financements prévus depuis quelques années par les services de l‚Etat,

les collectivités territoriales, les bailleurs sociaux et les

copropriétés privées. En Revanche le choix de la police municipale

suppose un financement à la seule charge des contribuables de

Vitry-sur-seine.

 

collectifvcpm@club-internet.fr

operrot@club-internet.fr

 

 

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******************************

8) MESSAGES DIVERS

 

"Justice" le canard du SM que j'ai consulté hier soir au GISTI a eu la même

idée que nous (au GISTI): ils ont reproduit le texte du MIB, "nous sommes

tous Youssef", dans leur dernier numéro et y ont adjoint des textes plus

anciens montrant que le problème n'est pas nouveau

 

Antoine

____________

To: etatpenal@conflits.org

Sent: Tuesday, November 27, 2001 10:36 PM

Subject: [etatpenal] police de la pensée

 

Lu dans Ouest-France de ce matin, ce que je reproduis in-extenso :

 

Plusieurs policiers ont porté plainte ces derniers jours à Rennes, contre un

juge et le syndicat de la magistrature. Ils s'estiment "diffamés et

outragés" par un petit livre portant sur le contrôle d'identité.

 

"Vos papiers : que faire face à la police ?". Le titre du livre est

écrit en lettres bleues. Il barre le visage d'un porc dessiné avec des dents

menaçantes et coiffé d'une casquette. L'animal est censé représenter un

policier. Rien d'étonnant que l'ouvrage ait fait sursauter les intéressés.

Mais ce qui a mis le feu dans les commissariats, c'est que le petit

livre frondeur est l'oeuvre d'un magistrat, Clément Schouler. Et qu'il a été

publié à l'initiative du Syndicat de la magistrature, classé à gauche et

auquel appartient le juge. Le choix de la maison d'édition, l'esprit

frappeur, à la ligne éditorialiste plutôt provocatrice, n'a pas arrangé les

choses.

En vente depuis octobre, le livre a roulé dans les services des

commissariats, faisant gonfler la colère de bureau en bureau. "Ils se

foutent de nous", tempête un policier rennais en désignant les juges. "La

police n'avait pas besoin de ce genre d'écrits en ce moment". On semble loin

du front uni justice-police pour dénoncer le manque de moyens, même si

certains magistrats, adhérents à d'autres syndicats, ne cachent pas leur

désapprobation.

A Rennes, le procureur de la République a reçu une dizaine de plaintes

de fonctionnaires de police contre le juge, auteur du livre, et son

syndicat. Les plaignants se disent "diffamés" et estiment que l'ouvrage

donne une image dégradante de la profession.

"Ce livre met en cause ma probité, ma déontologie et mon attachement aux

valeurs de la République" s'indigne un policier rennais. Les passages

incriminés évoquent les "contrôles d'identité au faciès, qui, écrit Clément

Schouler, sont non seulement monnaie courante mais se multiplient".

Les policiers n'acceptent pas le portrait plutôt xénophobe que l'auteur

dresse d'eux. "J'espère que la justice va prendre en compte la légitime

demande de condamnation que nous avons déposée", commente un fonctionnaire

de Rennes.

Clément Schouler, magistrat à Versailles, explique qu'il voulait

"simplement informer les citoyens que le régime juridique des contrôles

d'identité". Le magistrat pense que "les gens doivent avoir la réaction la

plus adéquate devant ces contrôles. Aucun livre ne traitait du sujet. C'est

aujourd'hui chose faite. C'est la démarche qui anime le Syndicat de la

magistrature, quelles que soient les circonstances". Quant au dessin de la

couverture -le porc avec la casquette" "elle rentre dans la ligne éditoriale

de la maison d'édition".

Il semble qu'après avoir demandé que l'ordre règne dans la rue, certains

syndicats de police souhaitent que l'ordre règne sur les esprits, voilà qui

augure mal de la suite...............

 

Gilles Sainati, auteur de ce se message est

co-auteur du livre de Laurent Bonelli, "la machine à punir"

Vice Président du SM

 

__________

 

Pour info (et faites suivre)

 

Mardi 4 décembre, le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant a violemment

critiqué le livre du juge Clément Schouler (Syndicat de la magistrature),

"Vos papiers ! Que faire face à la police ?" (éditions L'Esprit frappeur). À

la tribune de l'Assemblée nationale, le ministre a qualifié l'ouvrage de "

scandaleux et insultant ", avant d'annoncer qu'il porterait plainte aux

côtés de policiers du SNOP (Syndicat national des officiers de police). En

effet, la préface de l'ouvrage précise qu'il expose les droits des citoyens

face à des contrôles de police pour répondre à la situation croissante des "

contrôles au faciès ". Pour le ministre et des membres du SNOP, l'évocation

de ces contrôles serait diffamatoire envers la police nationale.

 

Pour acheter "Vos papiers ! Que faire face à la police ?" avant son

interdiction : envoyer 10F par exemplaire + 10F de frais de port quel que

soit le nombre d'exemplaires à L'Esprit frappeur, 9, passage Dagorno, 75020

Paris.

Antoine

 

--------

salut,

 

Il y a une manif samedi 8 décembre (jour des illuminations à Lyon), organisé

par le MIB, Agora-Divercité et l'AFLIDD, en souvenir des gens morts en

détention : RDV à 18H30, 12 quai Perrache Lyon 2° devant la prison St Joseph

(je crois qu'ACT UP est aussi de la partie, mais j'ai pas vérifié l'info

!!).

Peux-tu comuniquer cette info sur la ML ?

 

solidairement,

raf, shootababylon@nomade.fr

 

 

___________

Concernant la reflexion de Serge Quadruppani sur la "responsabilite humaine

et morale des ecrivains de polars qui travaillent sur les questions de

banlieue ou de la violence " je me pose la question suivante que je pose

aux professionels de l'ecriture et de la pratique de la pensee :

Serait-il-possible de faire naitre un(e) heros qui refuserait de par ses

attitudes et son etre meme d'etre englouti(e) par le deferlement de haines

et de violences propre a cette guerre mondiale qui arrrive vers nous comme

la maree sur une plage ?

Quelqu'un(e) par exemple qui du 25 eme etage de sa tour de banlieue

n'aurait pas l'idee de se jeter par la fenetre mais deciderait de devenir

peintre de couchers de soleil ! Quelqu'un(e) qui avec son RMI deciderait de

faire de la gastronomie au lieu d'acheter des boites de Canigou !

Quelqu'un(e) de jeune, souple et mou(lle) en complete contradiction des

guerriers qui envahissent nos vies(lles) ! Il(elle) rencontrait les

personnages -noirs- de romans noirs et ferait de-rap-er les trajectoires

vers des terrains ou la violence n'aurait plus de prises ?!

Pensez-vous qu'un(e) tel(elle) personnage pourrait naitre et vivre ?En tout

cas bon courage pour votre action

Francois Cerutti (membre de votre reseau)

_____________

Salut,

 

nous vous transmettons ce texte que nous essayons actuellement de diffuser

autour de nous faites-en ce que vous voulez. À bientôt !

 

L'expression artistique doit-elle

être validée par la police ?

 

Le groupe de spectacle vivant Ici-Même (Grenoble) explore depuis plusieurs

années les différents usages de l1espace public, à travers des interventions

diverses - souvent non annoncées - telles que danse, diffusions sonores,

performances, installations plastiques, détournement de mobilier urbain,

affichettes, tracts, débats et discussions informelles dans des lieux

publics. Le 22 septembre 2001, à l1occasion de la présentation de saison

2001/2002 du Cargo - dans laquelle Ici-Même est programmée - le groupe a

transformé un arrêt de tram en « épicerie bazar ». La veille, nous nous

étions livré à un questionnaire auprès de passants autour d1un marché (le

marché St-Bruno, à Grenoble) sur des thèmes liés à l1actualité ; les

questions et les réponses avaient été ré-interprétées et restituées sous

forme de petits tracts recto-verso distribués de la main à la main au public

venu assister à la présentation de saison ; en voici quelques exemples : «

Combien vaut une idée reçue ? » - « J1ai pas peur des américains parce

qu1ils ont déjà fait la guerre partout, alors c1est normal. Mais j1ai peur

des arabes parce qu1ils font n1importe quoi. », « De quoi avez-vous peur ? »

- « J1ai peur de mon dieu. », « C1est quoi le temps perdu ? » - « ça a du

sens si on prend le chronomètre, sinon ça n1existe pas », ou encore : « S1il

fallait changer quelque chose, ce serait quoi ? » - « Moi j1ai déjà changé

de pays, de langue, tout changé, alors ». Certaines de ces phrases (ainsi

que des mots entendus dans la journée) avaient été écrits sur des cartons de

couleurs fluos, en forme « d1explosion » - utilisés dans les vitrines pour

annoncer des promotions - et scotchés sur l1arrêt de tram-épicerie. Trois de

ces phrases : « Faut exploser toutes les voitures, Marlboro et les usines à

Pastis, supprimer toutes les religions et ça ira mieux. », « Je n1ai pas

peur des américains. » et « On ne le dira jamais assez, Ben Laden est un

produit de la c.i.a. » ont motivé une intervention de la police. Suite à un

procès-verbal sortant totalement ces phrases de leur contexte - pas un mot

sur les autres phrases, à contenu plus intime ou poétique, ni sur la

transformation de l1arrêt de tram - un membre du groupe s1est vu interpellé

pour Apologie de crime (passible de cinq ans de prison et 300 000 f

d1amende). Convoquée par le procureur de la république devant un médiateur,

cette personne a préféré signer un procès-verbal indiquant qu1elle avait

pris connaissance des peines encourues en cas de poursuite pénale suite à

récidive, classant ainsi l1affaire sans suite, plutôt que de s1exposer à

d1éventuelles poursuites, qui auraient risqué, dans le contexte actuel, de

ne pas tourner à son avantage, selon les dires du médiateur.

Nous considérons avoir eu affaire à un chantage de la police et de la

justice, mettant dans la balance un chef d1accusation disproportionné par

rapport aux faits réels ; cela à de quoi nous inquiéter. En ces temps «

vigipiratés », où l1on fait promptement les amalgames entre insécurité

quotidienne et terrorisme international, « antimondialisme » et

antidémocratie, ou tout simplement : étranger (pauvre) et ennemiSva-t1on

voir la censure s1abattre sur la création artistique - spécialement en ce

qui concerne l1espace public - et banir tout ce qui y relève de l1ironie, la

polémique, la provocation, bref, du politiquement incorrect ?

 

 

<ETH> Ici-Même (Grenoble), le 23/11/2001

 

Ici-Même

au Brise glace, 24, rue Ampère F38000 Grenoble

Tél : 04 76 84 53 90 Fax : 04 38 12 03 79 E-mail : icimeme@free.fr

___________________________

 

POUR NE PAS DIRE PLUS (l'article de libé nous a valu un courrier déplaisant.

Le voici :)

 

Bonjour citoyens!

 

Enseigants depuis une quinzaine d'années en région parisienne, ayant

toujours viscéralement voté et milité à gauche, notre surprise est grande

pour ne pas dire plus à la lecture de l'article paru dans "libération" ce

jour intitulé: "Un réseau contre l'hystérie collective".

En effet vous dénoncez une soit-disante dérive sécuritaire en vous basant

sur des "bavures" avérées lors de contrôles de polices ayant mal tournés, et

ayant entrainés la mort d' un policier (une femme en l'occurence) et d'une

des personnes qui tentait d'éviter l'interpellation.

Vu l'heure tardive, nous ne souhaitons pas polémiquer sur les circonstances

de ce drame mais réagir en tant que citoyens devant le fossé qui se creuse

de plus en plus entre une partie de la gauche (notre famille de coeur et de

pensée) et l'électeur lambda! Car vous ne semblez pas prendre la

mesure du nombre "d'incivilités" (pour reprendre le language édulcoré des

médias) qui pourissent la vie de nombre d'entre nous, notamment dans

l'enseignement (insultes, menaces, agressions directes parfois, sans compter

les roues crevées etc......) commises par "des mineurs venants de quartiers

populaires" (sic) Au passage permettez que l'on vous rappelle que tous les

profs ne viennent pas du 16ème et que beaucoup d'entre nous sont issus de

ces mêmes quartiers!!!

Alors , plutôt que d'agiter l'épouvantail de " l'hystérie sécuritaire"

demandez-vous et Mr Pocrain en premier, comment éviter le retour de la

droite R.P.R au pouvoir en étant à l'écoute de citoyens qui souhaitent

simplement vivre dans une société apaisée et accessoirement, excercer leur

métier dans le respect des valeurs démocratiques et républicaines, sans

céder à une démagogie envahissante et afin d'éviter une cécité

compassionelle. bien à vous

 

Des amis profs de Paris et banlieues.

 

____________

Mireille, Violaine,

>

> je vous joins la présentation d'une association qui associe "police et

> droits de l'homme". Bizarre et je me méfie, mais ça pourrait valoir le

coup

> de les mouiller un peu (et de tester leur attachement réel aux droits de

> l'Homme) à l'occasion des procès suites à bavures policières

> je n'ai plus les coordonnées du collectif qui s'est créé suite au procès

> Hiblot. Pouvez-vous faire suivre ?

>

> Antoine

 

> Association nationale police et société

>

> Domaine : Citoyenneté/Droits de l'homme

> Région : National

> Date de création : 1991

> Sigle : ANPS

>

> Objectif : Défendre les droits de l'homme

> Activités : Cette association est composée de policiers actifs ou à la

> retraite mais aussi de chômeurs, d'universitaires, de chefs d'entreprise,

> etc. Son activité principale est de mener des actions en collaboration

avec

> des associations et des syndicats (Mrap, Ligue des droits de l'homme,

> Amnesty, Syndicat de la magistrature, etc.) en faveur des droits de

l'homme

> et, ainsi, de dénoncer les maux de la société. L'ANPS prend ainsi position

> par le moyen de manifestations, de débats et de communiqués, contre le

> racisme, l'antisémitisme, l'exclusion des personnes défavorisées, etc.

Elle

> a dernièrement dénoncé les propos du pape contre le préservatif.

> L'association, présidée par un policier à la retraite, ancien membre du

FASP

> (syndicat de policiers), dénonce les dérives racistes de la police tout en

> cherchant à expliquer le travail "positif" effectué par les policiers. Le

> président rencontre notamment des anciens détenus afin de dialoguer avec

eux

> sur les méthodes policières et, ainsi, de rapprocher police et société.

> Par ailleurs, l'ANPS collecte des dons pour des associations telles que le

> Secours Catholique, Emmaüs et elle subventionne des vacances d'enfants.

>

> Bilan : Certaines actions menées ont porté leur fruit, notamment celle

> contre les coupures d'électricité sans enquête préalable sur la situation

> sociale et professionnelle de la personne concernée. Sur l'évolution de la

> police, l'ANPS est très pessimiste : " Entre la professionnalisation de

> l'armée et le développement des polices municipales comme à Nice, on

prépare

> le terrain pour Le Pen ", explique le président de l'association. L'ANPS

ne

> baisse pas les bras pour autant, prête à se mobiliser tant qu'il le

faudra,

> dans l'attente d'une relève qui tarde à se manifester. Bilan au 15 juin

> 2000.

>

> Source :

> Contact : Louis Demard ; Président

>

> Adresse : 16, rue de la Roche 86000 Poitiers

> Téléphone : 05 49 61 31 63

> Fax : 05 49 46 09 07

>

___________

> Le film de Tavernier est à voir (Cf l'article du Monde, de l'huma de Libé,

> de...).

>

> Il est aussi un vecteur de la Campagne contre la Double peine, or il est

en

> salle cette semaine et il faut un minimum de monde dans les salles pour

> qu'il y reste (souvenons-nous du CD). Alors ce week-end, il fera froid et

> les salles de ciné sont chauffée. Vous ferez d'une pierre quatre coups en

y

> allant:

>

> - Vous militerez,

> - Vous ferez perdurer la campagne contre la double peine,

> - vous serez au chaud,

> - Vous verez un documentaire de Tavernier.

>

>

> Ah! n'oubliez pas de faire circuler cette info, même par un simple

transfert

> du présent mail.

>

> Amitiés

>

> Stéphane MAUGENDRE

_________

 

Boris Gabriel, signataire de la fabrique, nous signale un

texte très intéressant concernant le traitement médiatique du match

France-Algérie

sur :

http://www.peripheries.net/e-fralg.htm

(Le texte est trop long pour le reproduire ici)

 

 

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Ouf,

A bientôt,

Fred.